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Les régions lointaines du Liban

L’Orient le Jour

Août 25, 2008

Qmamine, un village du Akkar où le dépaysement s’allie à un véritable retour aux sources.

 

Vous n’en pouvez plus de passer des week-ends monotones à courir les restaurants, les salles de cinéma et les boîtes de nuit ? Vous avez envie d’un cadre enchanteur, loin du chaos de la ville où un total dépaysement s’allie à un véritable retour aux sources ? Préparez donc votre sac à dos, saisissez votre sac de couchage, enfilez vos bottes de marche… et cap sur Qmamine, un village au cœur du Akkar (Liban-Nord), qui fait l’objet d’un nouveau projet d’écotourisme initié par l’ONG Mada et la société Darb el-jabal el-Loubnani.

 

Les régions lointaines du Liban

À plus de 140 km de Beyrouth et à 800 mètres d’altitude, le village de Qmamine est accessible à partir de Tripoli. Il faut se diriger par la suite vers Beddaoui, prendre la route qui mène à Bebnine et la suivre jusqu’au village. Si vous sentez que vous êtes perdu, il suffit de demander votre chemin, les habitants de la région vous assisteront avec plaisir.

 

Niché au cœur de Wadi Jéhannam (vallée de l’enfer, mais qui, malgré son nom, est d’une beauté à couper le souffle), Qmamine a su garder ses origines. La seule technologie qui y est introduite se limite au chauffe-eau solaire. Dans la région, les voitures se font rares. Le principal moyen de transport demeure à pied ou à dos d’âne.

 

Les maisons sont elles aussi peu nombreuses. La majorité d’entre elles est composée d’un étage. La verdure l’emporte – heureusement – sur le béton. Un agréable silence règne sur les lieux. Il est interrompu par moments par le chant des coqs et les rires des enfants.

 

À Qmamine, le temps semble avoir suspendu son cours. Rien ne vient troubler le calme. Ni le stress de la ville ni le rythme effréné des interminables journées de travail. L’air y est pur et les odeurs qui émanent des lieux sont celles des produits authentiques (blé, foin, pain chaud, troupeaux…) et de la nature.

 

Ici, une dame en abaya, foulard noué sur la tête, disperse doucement le blé qu’elle laisse sécher au soleil sur le toit de sa maison. Plus loin, des enfants en shorts et tee-shirts s’amusent à courir derrière un coq. À l’entrée d’une maison, une sexagénaire, assise en tailleur devant son « saj », pétrit la pâte, s’apprêtant à faire cuire son pain. Dans les champs, des dames d’un certain âge cueillent les légumes et les fruits pour la journée.

 

Hussein Boudraa, la trentaine, est l’un des trois guides locaux et le propriétaire de la maison d’accueil du village. « Dès qu’ils arrivent, les touristes sont entièrement pris en charge, explique-t-il. Ceux qui désirent y passer la nuit peuvent le faire dans ma maison qui accueille facilement dix personnes. Nous assurons le petit déjeuner, et s’ils le souhaitent, le déjeuner et le dîner aussi. » Avec au menu des produits du terroir et des recettes libanaises typiques. « Les vacanciers doivent toutefois emmener leurs draps et leurs serviettes de bain, et de préférence des sacs de couchage, d’autant que la maison compte deux lits et deux grands sofas, poursuit Hussein Boudraa. Pour ceux qui désirent camper, nous pouvons les aider à se déplacer vers le site de leur choix et nous leur assurons également les vivres et l’eau. »

 

 

Une région riche en flore

 

Qmamine se caractérise par les espaces verts qui l’entourent. « La région est riche en pins, chênes, sapins de Cilicie et genévriers, souligne Hussein Boudraa. Une étude conduite par l’ONG Mada sur la région s’étendant de Kobeyate à Sir el-Denniyé a recensé près de 2 000 espèces d’arbres et de végétaux. La région est également riche en eau. En effet, les sources de Qmamine assurent l’eau à cinq villages des environs. Nous avons aussi plusieurs petites grottes. »

 

La randonnée constitue le principal pôle d’attraction de Qmamine. Plusieurs circuits peuvent être suivis. Les principaux mènent à Bouaib (à proximité du projet « al-Jurd »), Qammou’a ou Sir el-Denniyé. « La distance à parcourir varie entre 15 et 20 km de niveau difficile, selon le sentier suivi », constate Hussein Boudraa. Des promenades à dos d’âne sont également proposées, ainsi qu’une participation aux activités de la population locale : la cueillette des pommes et le travail de la terre à titre d’exemple.

 

« Nous encourageons de même les visiteurs à se balader dans les ruelles du village et à entrer en contact avec la population locale d’autant que cela renforce l’échange interculturel et social, insiste Hussein Boudraa. Les vacanciers pourront ainsi se familiariser avec nos habitudes et traditions, et vice versa ».

 

 

Le camp des genévriers

À bord de sa Jeep 4×4, Hussein Boudraa nous accompagne dans un circuit off-road à travers les sentiers menant à Bouaib, situé à 1 870 mètres d’altitude. La route est tortueuse, serpentant les flancs de Wadi Jéhannam. Les genévriers millénaires qui se dressent majestueux sont impressionnants. De petites maisons sont éparpillées çà et là dans la vallée. Un septuagénaire, à dos d’âne, transporte des gerbes de blé et une petite fille d’à peine 10 ans escalade le sentier, refusant d’accepter notre invitation de monter à bord de la Jeep.

 

Pause à Wadi Amiré, la maison parentale de Hussein Boudraa, construite avec de la terre cuite et des branches de genévrier. Elle sert également de gîte d’accueil pour les randonneurs. Ici, on s’assoit sur des troncs d’arbre transformés en chaises ou tout simplement à même le sol. Un somptueux petit déjeuner villageois est servi sur un grand plateau en cuivre dans l’une des deux chambres de la maison. Pour y accéder, il est important de se déchausser. Nos hôtes nous tiennent compagnie. L’une des sœurs de Hussein nous aborde, avide de connaître les histoires de la ville.

 

La tournée se poursuit en 4×4 jusqu’à Bouaib, plus précisément au « moukhayam el-lezzeb » ou camp des genévriers, transformé en gîte d’accueil. « L’idée de départ était de construire une maison pour ma famille, d’autant que la région est connue pour son climat agréable, note Hussein Dandach, le propriétaire des lieux. L’idée s’est développée lorsque des amis venaient y passer des journées rien que pour bénéficier du climat. Nous avons ainsi pensé agrandir le projet et avons fini par le transformer en un camp d’accueil. Il compte sept chambres à coucher munies chacune d’une salle de bains. Nous avons également une grande cuisine commune et un restaurant. » Un grand terrain a été réservé pour les tentes. Les plats servis sont également composés de produits du terroir. « Nous ne servons pas de boissons gazeuses ni de narguilé, annonce-t-il. Est interdit tout ce qui ne répond pas aux critères de l’écotourisme. »

 

Le projet a démarré en 2006, moins de trois mois avant la guerre de juillet. « Notre travail dépend beaucoup de la situation politique et sécuritaire du pays, déplore Hussein Dandach. Ainsi, durant la guerre de juillet et les affrontements de Nahr el-Bared, nous avons suspendu nos activités. La série d’attentats et le sit-in du centre- ville ne nous ont pas non plus aidés. »

 

Comme à Qmamine, les activités proposées à Bouaib reposent essentiellement sur les randonnées (vers Qornet el-Saouda et Qornet el-Achra). « Nous pouvons toutefois accompagner les touristes pour du rafting sur l’Oronte ou encore les faire participer à la vie de la population locale, s’ils acceptent l’idée bien sûr », indique Hussein Dandach.

 

Découvrir un autre visage du Liban. L’écotourisme en est une garantie. Mais pour bénéficier au maximum de ces journées, il est indispensable de s’acclimater avec les traditions de la région, veiller à respecter la population locale et surtout faire l’effort d’aller à sa rencontre.

 

* Pour informations, appeler Hussein Boudraa au 03/817312 ou Hussein Dandach au 03/797569.

 

 

À Kouakh, un gîte d’accueil pour les touristes sera prêt à la fin de l’année

 

À Kouakh, dans le caza du Hermel, un projet d’écotourisme avec gîtes d’accueil pour les vacanciers est initié par l’ONG Mada avec pour but celui de « transformer le village en destination pour le tourisme responsable », explique Gilbert Moukheiber, ingénieur culturel et touristique, coordinateur du projet.

 

« Le but ultime du tourisme responsable est de respecter les ressources des villages et de faire participer la communauté locale au projet, poursuit-il. Il s’agit là du vrai concept de l’écotourisme, un des nombreux points sur lesquels se base le tourisme responsable. »

 

Le projet de Kouakh prendra sa forme définitive au mois de décembre. Il est composé de deux maisons d’accueil et d’un restaurant qui sera géré par la coopérative as-Sindiane. Entre-temps, d’autres maisons du village pourront accueillir les vacanciers qui désirent y passer la nuit. « Les rentrées du projet permettront à la communauté locale de restaurer les anciennes habitations, ce qui permet de préserver le cachet du village, précise Gilbert Moukheiber. Mais pour ce faire, les membres de la coopérative suivront des sessions d’entraînement au tourisme responsable et à l’écotourisme, mais aussi sur la façon de traiter avec les touristes et les tour-opérateurs, sur les critères de l’hygiène, etc. »

 

Des randonnées seront proposées dans la région ainsi que des balades à dos d’âne. Ceux-ci serviront aussi de moyen de transport.

 

La coopérative as-Sindiane a vu le jour en 2006 au lendemain de la guerre de juillet, grâce à un financement de la Coopération italienne, et avec la collaboration de l’ONG italienne Arce cultura e sviluppo et l’ONG Mada. « Son but est d’améliorer la situation économique et sociale des femmes du village », explique Khadija Chahine el-Hak, présidente de la coopérative. Vingt femmes travaillent ainsi dans le cadre de cette institution, subvenant ainsi aux besoins de 109 personnes. « La coopérative propose des produits alimentaires, l’idée de départ étant de réduire au maximum les coûts de production, poursuit-elle. Ceux-ci se limitent en fait à la main-d’œuvre. Notre force réside dans les produits que nous proposons et qui sont de vrais aliments du terroir, comme la mloukhié séchée à l’air libre, les confitures, les olives, le thym, les tisanes, les légumes sauvages (jarjir, korra…), le summac, le kechk, le bourghol, la labné trempée dans l’huile, etc. Nous avons entamé avec Green Line un projet d’agriculture biologique et pensons construire notre propre four à boulangerie. »

 

Et d’ajouter : « Tout est entièrement fait par les femmes. Même le travail de la terre et la récolte. »

 

Les dames de la coopérative ont participé à plusieurs expositions dans de différentes régions du pays et prennent part tous les samedis à l’exposition Souk el-Tayeb, qui se tient à Gemmayzé dans le parking face à l’église Saint-Maron.

 

« Nous assurons de même des services traiteur, notamment dans le cadre des ateliers de travail qui sont organisés dans la région », souligne Khadija el-Hak. Et de rappeler que la coopérative a représenté le Liban au congrès de la femme ouvrière qui se tient tous les dix ans.

 

 

Tarhal, un site sur les maisons d’accueil au Akkar, au Hermel et à Denniyé

 

Dans le cadre des projets visant à promouvoir l’écotourisme responsable, Mada soutient un projet de site Web, donnant des informations sur les activités écotouristiques qui peuvent être pratiquées dans les régions du Akkar, du Hermel et de Denniyé, ainsi que sur les maisons d’accueil qui s’y trouvent.

 

Baptisé « Tarhal » ou transhumance, en référence aux déplacements des berges au cours des saisons, ce site est toujours en construction, mais il contient certaines informations utiles.

 

« Le but du site est de promouvoir ces régions sur les plans touristique et économique », signale Gilbert Moukheiber, ingénieur culturel et touristique, coordinateur du projet. « Une fiche d’évaluation est disponible sur le site. Nous souhaitons que les randonneurs la remplissent afin de pouvoir améliorer les services dans ces régions », précise-t-il.

 

Vous pouvez visiter Tarhal à l’adresse :
Website: www.tarhal.org
E-mail : ecotourism.mada@gmail.com

 

 

Les musts du randonneur

 

En vue d’être bien préparé pour une randonnée, il est nécessaire d’avoir sur soi les articles suivants :

  • bottes de marche ;
  • vêtements légers en été et de couleur claire ;
  • coupe-vent et bonnet en hiver ;
  • sac à dos comportant un imperméable, un coupe-vent, une trousse de secours, de l’eau, un casse-croûte (chocolat, hydrate de carbone), sifflet, lunettes solaires, canif, écran solaire, casquette.

Si vous n’êtes pas familier avec la région, il est conseillé d’avoir recours aux services d’un guide local.